Tu sais qu’il est temps que mère Nature daigne nous donner un brin de chaleur quand tu passes ton dimanche après-midi à surfer, encore en pyjama à 14 h 30, sur le site Agri-rencontre à la recherche d’un cultivateur de 45 ans et plus dans le coin du Bas-du-Fleuve histoire d’aller y vivre une passion débridée et refaire ta vie avec veaux, vaches et cochons. Ça, ou que tu as trop regardé L’Amour est dans le pré récemment. Ou les deux. Bref.
En fait, non. Let me rephrase that comme on dit en congolais.
Tu sais que mère Nature est un peu branleuse dans le manche cette année côté chaleur (et que son chum Galarneau n’est pas plus au rendez-vous, on s’entend), parce que ça te force à passer plus de temps à l’intérieur. De la maison et de ta tête. Et dans ma tête, y a toute une panoplie de hamsters en plein cours de spinning. Certains sont plus actifs de d’autres. D’autres se réveillent quand la situation s’y prête. Comme aujourd’hui. Et pis dans la maison, il n’y a pas vraiment de quoi s’énerver le poil des jambes côté « hommes ». Même le chat est une femelle. (D’ailleurs, ça me fait penser que j’ai l’air d’une veuve italienne et que ça me prendra probablement trois rasoirs pour venir à bout des dommages pileux de l’hiver.)
En fait, je ne suis pas très différente des autres : Jane cherche Tarzan ces jours-ci parce que c’est le moment de l’année ou j’ai l’hormone un peu fofolle. À défaut de pouvoir me dandiner dans les rues de Montréal en robe soleil, en gougounes et pas de bobettes (#teamcommando), ben on s’amuse avec le virtuel. Jusque-là, vous me suivez. Mais pourquoi-Agri-rencontre-ma-foi-du-bon-Dieu me direz-vous? Ben, primo parce que je suis effectivement une fan de L’Amour est dans le pré — ce n’était donc pas des blagues — et que le placement média sur vtele.ca m’affiche la bannière web du site de rencontre à chaque occasion — blame it on good digital advertising —, et deuxio, parce que j’ai (presque) vécu une histoire de la sorte dans un passé pas si lointain et que de regarder cette émission, ben ça me retourne toujours un peu le fer dans une plaie qui fait parfois un tantinet mal.
J’ai passé l’été 2006 à faire d’innombrables trajets entre Saint-Damase et Louiseville. Et un peu partout dans le Québec rural en fait. J’accompagnais M, mon chum, dans son (notre) projet de rebâtir une maison ancestrale sur le bord du Fleuve. J’ai démonté deux maisons d’époque. J’ai numéroté des planches pour pouvoir les remonter. J’ai arraché de vieux clous de très vieilles planches et les ai triés et lavés. J’ai fait d’innombrables plans sur l’ordi pour pouvoir rabouter les deux maisons. J’ai parcouru tous les marchés aux puces, les ventes aux enchères et les antiquaires de la province pour trouver des objets ou des accessoires d’époque. Je suis partie à la recherche d’artisans qui pourraient modifier un poêle à bois d’époque en poêle à gaz et tout un ensemble d’autres vieux appareils. J’ai fait des lunchs pour « mon homme », fait des piques-niques improvisés dans des granges et sur le bord de chemins de campagne. J’ai aussi surtout rencontré beaucoup de gens d’ici et parcouru beaucoup de pays. Je pense entre autres aux propriétaires de cette ferme laitière dans la région de Louiseville où nous avons déniché la deuxième maison : je me souviens d’avoir participé à la traite des vaches pendant que les autres s’affairaient à récupérer planches et montants à côté; je me souviens des repas qu’ils nous ont offerts pendant près de deux mois, de la fraîcheur de leurs produits et du fromage cheddar qu’ils produisaient — clandestinement — avec leurs surplus de lait, plutôt que de le jeter; je me souviens d’avoir pleinement respiré le Québec cet été-là.
*Insérer bruit d’aiguille qui égratigne un vinyle*
Ouais. Ben. J’ai tout laissé tombé une fois l’hiver venu.
Sous la direction du hamster Occasions manquées, le hamster Fille bourgeoise d’Outremont s’est réveillé et ses amis Vie sexuelle débridée et Mauvaises amitiés qu’on écoute trop ont décidé d’en faire de même. J’ai eu la chienne de la vie sans complications ou du moins de celle avec un gars solide. J’ai quitté M pour un retour à la vie en ville et aux inconséquents infidèles.
À bien y penser, j’ai eu mon lot d’occasions manquées, même si toutes n’ont pas été provoquées ou causées par moi : j’aurais pu faire mon (premier) retour à la terre au début des années 2000 avec Y. On adorait danser sur les bars — et dans les bars — au son de Prodigy. Gars de moto qui vivait à 100 milles à l’heure et qui voulait une p’tite femme, des enfants, une terre et sa libârté. (Le cliché qui précède vous est gracieusement offert par Harley Davidson et est pleinement assumé, merci.) Quelques années auparavant, j’ai failli suivre S, mon Olympien franco-italien qui voulait me faire plein de bébés et me faire vivre (au foyer) d’amour et d’eau fraîche entre Bordeaux et Turin et qui aimait se pavaner dans les Alpes au volant de sa BMW décapotable. Je pourrais également vous écrire de Londres aujourd’hui, si j’y avais suivi mon bonze de la finance internationale qui me remplissait des baignoires de Dom Perignon 1972, qui me couvrait de cadeaux de chez Harrods et qui m’offrait des bouteilles de scotch embouteillées le jour de mon anniversaire. (Je suis née en 1971. Ouais.) J’aurais pu aussi me retrouver femme de mafioso. Mais bon. Ça, c’est une autre histoire. Et je ne serais peut-être pas ici pour vous en parler si j’avais décidé de poursuivre ladite histoire.
À bien y penser (bis), telle une Édith Piaf des temps modernes, je ne regrette rien.
Y a peut-être juste mon (deuxième) quasi-retour à la terre qui me laisse parfois nostalgique les dimanches après-midi grisounets de mai. Blame it on good digital advertising.
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ChampCafe, 49 ans de Pohénégamook qui « èmme bcp s’ammuser », ça me semble pas pire, non?
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Ouais. Y est temps que l’été arrive, je sais.
Je vais aller me retaper les épisodes de la saison 2 de l’ADLPRE en attendant.
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